28 octobre, 2005

L'intention pédagogique

Un jour, Michel Desbiens m'a dit : "N'oublie jamais que l'important, en enseignement, est de bien réfléchir à ton intention pédagogique".
Je savais qu'il avait raison, mais jamais comme maintenant. Aujourd'hui, pendant que je me casse le bicyle à produire du matériel, élaborer des projets ou des évaluations, je constate à quel point c'est la base de tout.

27 octobre, 2005

Et si j'optais pour...

Je suis présentement en classe. Mes élèves font un examen de mathématiques. Je les surveille pour dépanner une collègue. Mes filles sont déguisées. Moi aussi d'ailleurs! J'ai mes oreilles en grenouilles qui illuminent. Je me sens complètement ridicule!!! Nous fêtons l'Halloween, aujourd'hui, dans l'école. Mes filles sont magnifiques! Devant moi, j'ai des coccinelles, des cow boys, des sorcières, des vampires, des indiennes, etc. J'ai même une Jésus-Marienne, qui (probablement fidèle et attachée à son institution...!) a voulu garder son costume d'école en cette journée de fête. C'est merveilleux!

Cela fait près de deux mois que j'évolue avec ces élèves. Je me rends compte, aujourd'hui, à quel point je suis attachée à elles. Je les aime d'un amour professionnel, bien sûr! Je souhaite faire d'elles de futures femmes autonomes à qui le monde leur sera accessible. Est-ce que ma démarche didactique actuelle répond à cette intention ? Je n'en suis pas certaine.

Je réalise, ce matin, que je ne les traite pas à la hauteur de leurs capacités. J'ai parfois l'impression de les enfantiliser avec toutes mes explications remâchées et redigérées pour elles.

Il faut leur faire confiance à ces filles si brillantes. Moi, qui a cette chance d'évoluer avec cette clientèle triée sur le volet, je n'ai aucune raison d'hésiter, comme je le fais tout le temps, lorsque je prépare mes cours. Et si je les mettais en contact avec de vrais textes, avec la vraie complexité du langage, est-ce qu'elles sauraient se construire davantage ? Et si j'optais pour elles et non pas pour mon insécurité ?

Mon expérience au programme Protic m'a amenée à constater les bienfaits d'une pédagogie par projet où les élèves participent aux choix pédagogiques des tâches à accomplir. Si d'emblée j'étais craintive, je changeais vite d'opinion quand je les voyais écrire des courriels au ministère de l'Environnement, monter seuls des vidéos sur les rébellions de 1837-1838, ouvrir et animer (par eux-mêmes) des forums sur la métacognition! Oui! J'ai vu cela avec des enfants de 13-14-15 et 16 ans. Pourquoi, aujourd'hui, je doute encore ?

Sans évacuer le questionnement pédagogique et la praticienne réflexive en moi, il est temps de passer plus sérieusement à l'action.

23 octobre, 2005

La vocation ?

Je pense que je comprends de plus en plus le sens de l'expression "Avoir la vocation".
J'en reviens pas à quel point la profession enseignante exige beaucoup. J'ai toujours de la broue dans le toupet.
Où puis-je acheter du temps ? Vite, j'en ai besoin....

19 octobre, 2005

L'élève et sa part de création

Décidément, je me sens beaucoup mieux en projet!

Hier, j'ai lancé un nouveau projet en français avec mes filles de 2e secondaire. Depuis le milieu du mois de septembre, elles lisent le roman Jeanne, fille du Roy de Suzanne Martel. J'enseignais bien malgré moi les principes narratologiques à la manière magistrale. J'essayais d'être enjouée, dynamique pour leur vendre l'amour de la lecture, mais... je sentais toujours qu'il y avait un gros "mais" à franchir. Je savais qu'elles n'écoutaient pas toutes. J'intervenais parfois pour qu'elles délaissent temporairement la décoration de leur agenda...! Je faisais beaucoup de compromis pour être conforme à mes collègues. Je ne me sentais pas vraiment à l'aise dans ma propre classe. J'ai décidé qu'il était venu le temps d'augmenter la place réservée à l'élève dans ma classe.

Ainsi, depuis hier, je fonctionne en projet et ça fait toute la différence. Elles doivent m'inventer un personnage qui pourrait éventuellement entrer dans la trame narrative du roman. Elles doivent, donc, concevoir un pastiche. Ce personnage devra interférer avec le personage principal (Jeanne). Elles sont libres pour leur création.

Je suis certaine que vous auriez aimé être en classe pour voir leurs yeux. Émerveillements et craintes les habitaient. Je sais que ma tâche était complexe, mais je ne veux plus les enfantiliser ou chercher à atomiser les savoirs en les simplifiant au maximum et en les enseignant de façon décloisonnée. Je suis certaine qu'il est tellement plus pertinent de leur donner des tâches complexes à réaliser que de chercher tout le temps à réduire, réduire, simplifier, simplifier.

Pour la première fois, elles ont exigé que je me taise. "Madame, a-t-on le local d'informatique ?" " Madame, peut-on faire ceci, peut-on faire cela" Enfin! Elles travaillaient toutes! Certaines, me font revivre de vraies Filles du Roy qu'elles ont connues par le biais de vieux recensements. D'autres, me font revivre leurs ancêtres. C'est de toute beauté. Elles vont bien au-delà de ce que je pourrais faire en classe. Elles recherchent cet individu qui a habité la Nouvelle-France et qui voudrait, le temps d'un chapitre, vivre encore un peu. Elles lisent sur Louis IVX, Colbert, Louis Hébert, Marie de l'Incarnation, etc. Et dire qu'il y a une semaine, le mot " lecture" en dérangeait certaines.

Je confirme donc mes conclusions au sujet du rapport "école / élève" Lorsqu'il y a une part de création dans une tâche, lorsque l'élève peut teinter un projet de sa couleur, ça fait toute la différence.

Prochaine étape : Faire la même chose avec mes élèves de première secondaire...

17 octobre, 2005

Les sempiternelles notes!

OUF! Après une première synthèse d’un projet et une tonne de briques par la tête plus tard, je sors vivante d'une remise de notes. Je déteste ces moments où les notes, les #%&*$%$?? de notes prennent toute la place dans le suivi d'une évaluation. Pourtant, même avec une évaluation critériée où des cotes et des descripteurs sont utilisés sur mes grilles, je dois toujours vivre ce sempiternel bordel.

J'arrive très difficilement à faire changer mes élèves de vision au sujet des notes. Elles ont, pour la majorité, un rapport d'évaluation à l'école et je n'arrive pas au résultat escompté parce que je dois toujours m'enfarger dans ce genre de questions:
Madame, est-ce que ça compte ça ? Madame, c'est sur combien ça ? Madame, allez-vous nous mettre une cote ou une note ? Madame, avez-vous fini de corriger nos examens d'hier ? (Woh! les petites vites, je n’ai pas d'assistante...) Madame, nos bulletins c'est quand ? Madame, un "C" est-ce que c'est poche ? Madame pourquoi il y a du rouge ici sur notre copie ? Combien de points j'ai perdus ici ? Madame, allez-vous nous donner nos notes ? Madame, si ça ne compte pas pourquoi on le corrige ?
CHU PU CAPABLE! non pas je ne suis plus capable, mais bien CHU PU!

Comment faire ? Comment faire pour changer de paradigme ? Je me bats contre des monstres. C'est tellement systémique.

Une étude réalisée (je ne sais pas quand et je ne sais pas où mais je sais qu'elle a vraiment existé...) démontre que les enfants, lorsqu’ils entrent à l'école primaire, ont un rapport d'apprentissage avec l'école. Ils ont hâte d'apprendre. Cependant, dès la fin du primaire, ils ont changé d'idée et ils comprennent que l'école est un lieu d'évaluation.

Les écoles peuvent-elles être des lieux d'apprentissage avant d'être des lieux d'évaluation et de classement ?
Bon, je retourne à mes corrections...!

12 octobre, 2005

Le troc pédagogique!!!

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, présentement, j'ai l'impression de pédaler un peu dans le beurre. J'ai ce sentiment amer de participer, bien malgré moi, à cette gigantesque foire à la multiplication du même travail! Je m'explique...

Avec la mise en application officielle de la Réforme au premier cycle du secondaire, tous les enseignants pédalent comme des cons et produisent seuls (ou avec l'aide de deux, trois amis branchés!) du matériel didactique pour des projets et des situations d'apprentissage. Pourtant, nous sommes supposés poursuivre le même but: évaluer les compétences.

Pour soutenir ses propos, l'auteur aimerait utiliser l'analogie suivante:

"Quand je vais à Montréal, j'utilise la 20 ou la 40. Je pique pas par le bois partout en essayant de me faire ma route! J'utilise celle qui est mise en commun pour tous et toutes! Heureusement!"

Je suis présentement en production d'une grille d'évaluation pour la compétence trois en français "Communiquer oralement selon des modalités variées" et je me dis : " Nous sommes combien au Québec à produire ce genre de documents ?" "Combien sommes-nous à créer et inventer des tâches d'apprentissage pour les mêmes besoins ? Combien sommes-nous à piquer dans le bois partout et en même temps, en ne recherchant pas une bonne voie commune?

Pour ceux qui ne comprennent pas encore, l'auteur aimerait utiliser l'analogie numéro 2 sur le voyage à Montréal:

"Quand mon père allait à Montréal pour le travail, il pétait une coche sur la route parce qu'il voyait plusieurs confrères de son bureau ou d'un bureau voisin descendre en même temps que lui à Montréal. Chacun prenait SA voiture, chacun voulait faire Sa route. Personne ne cherchait à rentabiliser les dépenses, l'énergie ou opter pour le covoiturage. En plus de polluer allègrement (et de faire grimper les comptes de dépenses!) ces vaillantes personnes ne cherchaient pas la collaboration. Pourtant, ils visaient le même but! C'est ainsi, donc, qu'ils étaient tous sur la route à se faire des "be-bye" par la fenêtre.


J'imagine qu'il y a des sites Internet qui permettent le partage, mais je trouve que les échanges ne sont pas faramineux. Pourquoi n'y a -t-il pas plus d'échanges et d'expériences coopératives ? Pourquoi la collaboration entre professionnels de l'enseignement n'est pas plus développée? Est-ce que je suis perdue dans un gros champ de patates à quelque part entre Québec et Montréal ? Peut-être ne suis-je pas au courant de l'existence d'un super lieu virtuel où documents pédagogiques sont échangeables...

Vite! Imitons les "homo sapiens sapiens" ! Faisons un retour au troc, le troc pédagogique!!! Ça urge!

02 octobre, 2005

Belle petite trouvaille!

En grappillant sur Internet, j'ai visité le site d'une de mes mentors en enseignement: Mme Louise Ménard, enseignante à Protic (école les Compagnons-de-Cartier). J'aime beaucoup les approches de cette enseignante pour différentes raisons. Mais, là n'est pas l'objet de mon message...

En activant différents liens sur sa page d'accueil, je suis tombée sur cette merveille !
<"http://apprendre.free.fr/renvois-test-bd/11changeux.htm" qui provient d'un site consacré à l'apprentissage.

Belle petite trouvaille!