Décidément, je me sens beaucoup mieux en projet!
Hier, j'ai lancé un nouveau projet en français avec mes filles de 2e secondaire. Depuis le milieu du mois de septembre, elles lisent le roman Jeanne, fille du Roy de Suzanne Martel. J'enseignais bien malgré moi les principes narratologiques à la manière magistrale. J'essayais d'être enjouée, dynamique pour leur vendre l'amour de la lecture, mais... je sentais toujours qu'il y avait un gros "mais" à franchir. Je savais qu'elles n'écoutaient pas toutes. J'intervenais parfois pour qu'elles délaissent temporairement la décoration de leur agenda...! Je faisais beaucoup de compromis pour être conforme à mes collègues. Je ne me sentais pas vraiment à l'aise dans ma propre classe. J'ai décidé qu'il était venu le temps d'augmenter la place réservée à l'élève dans ma classe.
Ainsi, depuis hier, je fonctionne en projet et ça fait toute la différence. Elles doivent m'inventer un personnage qui pourrait éventuellement entrer dans la trame narrative du roman. Elles doivent, donc, concevoir un pastiche. Ce personnage devra interférer avec le personage principal (Jeanne). Elles sont libres pour leur création.
Je suis certaine que vous auriez aimé être en classe pour voir leurs yeux. Émerveillements et craintes les habitaient. Je sais que ma tâche était complexe, mais je ne veux plus les enfantiliser ou chercher à atomiser les savoirs en les simplifiant au maximum et en les enseignant de façon décloisonnée. Je suis certaine qu'il est tellement plus pertinent de leur donner des tâches complexes à réaliser que de chercher tout le temps à réduire, réduire, simplifier, simplifier.
Pour la première fois, elles ont exigé que je me taise. "Madame, a-t-on le local d'informatique ?" " Madame, peut-on faire ceci, peut-on faire cela" Enfin! Elles travaillaient toutes! Certaines, me font revivre de vraies Filles du Roy qu'elles ont connues par le biais de vieux recensements. D'autres, me font revivre leurs ancêtres. C'est de toute beauté. Elles vont bien au-delà de ce que je pourrais faire en classe. Elles recherchent cet individu qui a habité la Nouvelle-France et qui voudrait, le temps d'un chapitre, vivre encore un peu. Elles lisent sur Louis IVX, Colbert, Louis Hébert, Marie de l'Incarnation, etc. Et dire qu'il y a une semaine, le mot " lecture" en dérangeait certaines.
Je confirme donc mes conclusions au sujet du rapport "école / élève" Lorsqu'il y a une part de création dans une tâche, lorsque l'élève peut teinter un projet de sa couleur, ça fait toute la différence.
Prochaine étape : Faire la même chose avec mes élèves de première secondaire...
19 octobre, 2005
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