27 octobre, 2005

Et si j'optais pour...

Je suis présentement en classe. Mes élèves font un examen de mathématiques. Je les surveille pour dépanner une collègue. Mes filles sont déguisées. Moi aussi d'ailleurs! J'ai mes oreilles en grenouilles qui illuminent. Je me sens complètement ridicule!!! Nous fêtons l'Halloween, aujourd'hui, dans l'école. Mes filles sont magnifiques! Devant moi, j'ai des coccinelles, des cow boys, des sorcières, des vampires, des indiennes, etc. J'ai même une Jésus-Marienne, qui (probablement fidèle et attachée à son institution...!) a voulu garder son costume d'école en cette journée de fête. C'est merveilleux!

Cela fait près de deux mois que j'évolue avec ces élèves. Je me rends compte, aujourd'hui, à quel point je suis attachée à elles. Je les aime d'un amour professionnel, bien sûr! Je souhaite faire d'elles de futures femmes autonomes à qui le monde leur sera accessible. Est-ce que ma démarche didactique actuelle répond à cette intention ? Je n'en suis pas certaine.

Je réalise, ce matin, que je ne les traite pas à la hauteur de leurs capacités. J'ai parfois l'impression de les enfantiliser avec toutes mes explications remâchées et redigérées pour elles.

Il faut leur faire confiance à ces filles si brillantes. Moi, qui a cette chance d'évoluer avec cette clientèle triée sur le volet, je n'ai aucune raison d'hésiter, comme je le fais tout le temps, lorsque je prépare mes cours. Et si je les mettais en contact avec de vrais textes, avec la vraie complexité du langage, est-ce qu'elles sauraient se construire davantage ? Et si j'optais pour elles et non pas pour mon insécurité ?

Mon expérience au programme Protic m'a amenée à constater les bienfaits d'une pédagogie par projet où les élèves participent aux choix pédagogiques des tâches à accomplir. Si d'emblée j'étais craintive, je changeais vite d'opinion quand je les voyais écrire des courriels au ministère de l'Environnement, monter seuls des vidéos sur les rébellions de 1837-1838, ouvrir et animer (par eux-mêmes) des forums sur la métacognition! Oui! J'ai vu cela avec des enfants de 13-14-15 et 16 ans. Pourquoi, aujourd'hui, je doute encore ?

Sans évacuer le questionnement pédagogique et la praticienne réflexive en moi, il est temps de passer plus sérieusement à l'action.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Chère Mme B,

Quel plaisir de vous lire. Ces paroles, si songées et si vrais, ce sont elles qui nous mèneront loin. Vous avez un tel sens de la réalité, même si parfois elle n'est pas si belle qu'on peut le penser. Par contre, vous avez réussi à nous la faire voir d'un autre côté. Du côté plus merveilleux que jamais. Vous avez tout à fait raison de vouloir nous pousser plus loin. De nous traîter en filles matures et brillantes. Vous enseignez à notre hauteur. C'est vrai! Vous êtes tout simplement continuellement à notre écoute. Nous l'apprécions plus que vous pouvez le penser. Vos explications remâchées et redigérées pour nous, nous les aimons puisque nous en avons besoin parfois. De plus, vos explications sont toujours très claires et dîtes pa une personne merveilleuse.

N'abandonnez jamais Mme, car vous êtes importante pour nous toutes. Un exemple et un modèle à suivre.