17 octobre, 2005

Les sempiternelles notes!

OUF! Après une première synthèse d’un projet et une tonne de briques par la tête plus tard, je sors vivante d'une remise de notes. Je déteste ces moments où les notes, les #%&*$%$?? de notes prennent toute la place dans le suivi d'une évaluation. Pourtant, même avec une évaluation critériée où des cotes et des descripteurs sont utilisés sur mes grilles, je dois toujours vivre ce sempiternel bordel.

J'arrive très difficilement à faire changer mes élèves de vision au sujet des notes. Elles ont, pour la majorité, un rapport d'évaluation à l'école et je n'arrive pas au résultat escompté parce que je dois toujours m'enfarger dans ce genre de questions:
Madame, est-ce que ça compte ça ? Madame, c'est sur combien ça ? Madame, allez-vous nous mettre une cote ou une note ? Madame, avez-vous fini de corriger nos examens d'hier ? (Woh! les petites vites, je n’ai pas d'assistante...) Madame, nos bulletins c'est quand ? Madame, un "C" est-ce que c'est poche ? Madame pourquoi il y a du rouge ici sur notre copie ? Combien de points j'ai perdus ici ? Madame, allez-vous nous donner nos notes ? Madame, si ça ne compte pas pourquoi on le corrige ?
CHU PU CAPABLE! non pas je ne suis plus capable, mais bien CHU PU!

Comment faire ? Comment faire pour changer de paradigme ? Je me bats contre des monstres. C'est tellement systémique.

Une étude réalisée (je ne sais pas quand et je ne sais pas où mais je sais qu'elle a vraiment existé...) démontre que les enfants, lorsqu’ils entrent à l'école primaire, ont un rapport d'apprentissage avec l'école. Ils ont hâte d'apprendre. Cependant, dès la fin du primaire, ils ont changé d'idée et ils comprennent que l'école est un lieu d'évaluation.

Les écoles peuvent-elles être des lieux d'apprentissage avant d'être des lieux d'évaluation et de classement ?
Bon, je retourne à mes corrections...!

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Les élèves ne sont pas dans le même paradigme que celui où tu te trouves.

C'est normal qu'ils posent toutes ces questions, elles font partie de leur paradigme.

Changer de paradigme ne se fait pas en criant ciseau, malheureusement (ni même par petits pas selon moi, mais ça, c'est une autre histoire...)

Anonyme a dit...

Bonjour,

Je suis bien d'accord avec vous! L'évaluation est une plaie!! On déforme l'esprit de nos jeunes, on les rend paresseux en focalisant toute notre attention et la leur sur les notes alors que c'est l'apprentissage qui compte. On peut très bien réussir à avoir de bonnes notes à un examen et ne pas du tout avoir réussi à organiser ses connaissances de façon à pouvoir les réutiliser dans un contexte autre que celui de l'examen pour lequel elles ont été apprises. Que vaut ce genre d'apprentissage? Pourtant, c'est celui-là qui est renforcé avec la note et ce qui vient avec. Pour ce qui est de l'étude dont vous parliez, j'imagine que ce sont celles de Dweck (1989), de Rholes et al. (1980), de Stipek (1981, 1984) et de Weisz (1980) qui sont citées par Jacques Tardif dans son ouvrage qui a fait date : Pour un enseignement stratégique (1992). Voici, pour vous mettre l'eau à la bouche, un extrait du chapitre sur la motivation scolaire dont je recommande la lecture à tous ceux qui, comme vous, cherchent des arguments pour lutter contre le monstre hideux de l’évaluation qui classe, juge et grignote la motivation, malheureusement nourri par maints enseignants, membres de directions et parents, qui sévit dans nos classes et nuit à l'épanouissement de nos élèves : « de l'entrée à l'école primaire jusqu'à la sixième année, la conception que l'élève a des buts poursuivis par l'école change complètement; elle passe d'une conception qui considère que l'école poursuit des buts d'apprentissage à une conception qui retient que les buts de l'école sont exclusivement des buts d'évaluation. À la fin de l'école primaire, cette conception est cristallisée et, pour qu'elle soit renversée, il faut des interventions systématiques de la part de l'enseignant, échelonnées sur au moins une année, probablement sur deux, pour que les effets provoqués soient permanents. » En terminant, j'aimerais insister sur le fait que ce n'est pas ce que dit l'enseignant, mais sa façon d'agir qui compte. S'il passe son temps à évaluer de façon sommative et à ne s'intéresser qu'à ce qui est quantifiable dans l'apprentissage, il aura beau dire que ce qui compte c'est ce qui est appris, ses élèves développeront un rapport d'évaluation à l'école. Ils cesseront alors de prendre des risques (de peur de faire des erreurs, lesquelles sont pourtant essentielles à l’apprentissage) et n'étudieront que s'ils considèrent qu'ils peuvent bien réussir aux examens et donc recevoir la reconnaissance sociale qu'ils cherchent. Ceux qui ne croient pas en leurs chances de succès n'étudieront pas et s'éviteront l'humiliation d'avoir échoué malgré leurs efforts. Ils préserveront ainsi le peu d’estime d'eux-mêmes qu’il leur reste et sur laquelle s'acharnent les évaluateurs qui prétendent vouloir les aider. En tant qu'enseignants, nous devons être conscients de l'immense responsabilité qui pèse sur nos épaules. Bien sûr qu'il est possible d'aider les jeunes à s'épanouir, mais il est aussi possible de les détruire. Nous ne devons pas enseigner à vue, mais réfléchir aux actions que nous posons et chercher à comprendre ce qui se passe dans la tête ce ceux qui apprennent... Il faut être attentifs aux répercussions de notre enseignement. Votre sensibilité aux effets néfastes que génère l’évaluation sur vos élèves montre que vous êtes dans la bonne voie. J’espère que nous serons nombreux à emboîter votre pas…

Anonyme a dit...

C'est vrai, je suis d'accord avec louis-philippe...depuis les examens du ministère en 6e année(pour nous permettre d'entrer au secondaire) je ne pense effectivement plus aux apprentissages mais plus aux notes et maintenant aux cotes...je me souvient lorsque j'étais plus jeune, je revenais le soir chez moi et je racontais à mes parents ce que j'avais le jour même et combien j'aimais apprendre. Mais maintenant, je leur parle plutôt du jour où je serais évaluer sur-ci ou sur-ça...j'ai vraiment perdu le sens du mot "apprendre" et j'ai mis trop d'importance sur les notes que j'obtiens à la fin de l'étape. Sincèrement je trouve ma situation triste mais maintenant je crains qu'il est trop tard pour essayer de me pencher sur mes apprentissages plutôt que sur mes notes...