24 août, 2005

Vous allez m'expliquer ?

Bon, Je sais! Nous sommes au début de l'application de la réforme de l'éducation au secondaire. Je sais que le ministère n'est pas très clair dans son mandat au sujet de l'évaluation des compétences. Je sais qu'il est vraiment stressant de changer de paradigme de l'enseignement et je sais que les mots compétences transversales font peur. MAIS! vous allez m'expliquer quelque chose: Pourquoi! Pourquoi autant de professionnels de l'enseignement capotent avec ces changements et pleurent en coeur la supposée évacuation des contenus ? Vous allez m'expliquer, pourquoi tant de professionnels remettent leur planification des leçons entre les mains des maisons d'édition et deviennent ainsi des groupies de manuels "conformes au ministère" ? Pourquoi, tant de manuels scolaires font les classes des enseignants ? Pourquoi, dans bien des cas, "être réforme", c'est faire des projets ? Ça ne fonctionne pas! Où est passé le jugement des professionnels de l'enseignement qui laissent aux manuels et au nouveau matériel le choix de leurs activités pédagogiques ?

Comparons-nous aux autres professionnels! Très bien, alors ! Est-ce qu'un médecin capote toutes les fois qu'une nouvelle machine super techo vient d'être achetée dans son hôpital ? Est-ce que ces docteurs de la santé ont le choix de pratiquer la saignée ? Est-ce qu'un avocat peut encore appliquer le code criminel du moyen-âge, à défaut de maîtriser celui d'aujourd'hui ? Non, ces professionnels recherchent le progrès, comprennent que l'évolution est positive, mettent en application des savoirs-faire professionnels, exercent un jugement critique de professionnels, reconnaissent leur compétence de professionnels.

Je ne veux pas cracher du haut de mes cinq pieds (deux pouces et demi ! ) loin de là. Je veux seulement dénoncer une attitude qui m'agresse profondément. Cette constatation, je la remarque depuis le tout début de mes stages et je me demande pourquoi, en enseignement, il en est ainsi. Pourquoi on préfère opter pour la modélisation et l'imitation des anciens ? Pourquoi, la résistance au changement contrôle le rythme de nos progrès ?

J'ai beaucoup de respect pour les maîtres qui m'ont enseigné. J'ai beaucoup de respect pour ma profession. J'ai beaucoup de respect pour ma science (parce que l'éducation, c'est une science!) Toutefois, je déplore cette insécurité ou ce laxisme qui minent la profession. J'aimerais que les enseignants agissent et pensent en professionnels de l'enseignement. J'aimerais qu'on réfléchisse davantage à nos intentions didactiques en tant que pédagogues, qu'on se questionne sur la valeur didactique de nos activités et qu'ainsi on soit les maîtres de nos classes, nous, les professionnels de l'enseignement.

Je pense que les mots "projet, portfolio et compétences" sont de plus en plus galvaudés. Plusieurs pensent passer à la réforme en faisant des : pproooojjjjeeettts!" Nous allons écoeurer nos élèves, si nous optons pour des modes et si nous ne réfléchissons pas sérieusement aux fondements didactiques de notre enseignement. Et ne venez pas me dire que nous n'avons pas le choix parce que c'est écrit dans le manuel! De grâce, un peu d'autonomie intellectuelle svp!

1 commentaire:

Christine a dit...

Merci pour ce précieux commentaire qui m'a aidée à survivre cette semaine. J'ai suivi vos commentaires à la lettre et j'ai mieux compris les motivations de ceux qui partagent mon nouveau milieu de travail.

Peut-être ai-je vécu un petit choc culturel ? Mais j'ai profité de ce déséquilibre pour réfléchir à ma part de responsabilité dans ce milieu d'apprentissage. Bien que je perçoive encore mal comment y faire ma place, j'essaie d'adopter un regard professionnel sur ce milieu qui est maintenant le mien!

* Je n'arrive pas modifier ce que vous m'avez demandé... Je ne comprends pas encore toutes les options de mon cybercarnet !