Ce soir, je réfléchis. Je fais de la métacognition comme diraient certains. Il faut que je m'impose ces temps de réflexions, parce que le rythme effréné de la vie quotidienne me nuit considérablement. Je suis tellement occupée, ma tâche est tellement intense que je n'arrive pas à cultiver convenablement la praticienne réflexive en moi. Je pense même avoir perdu cet équilibre entre réflexions et pratiques, tellement je me sens automate et esclave de la correction!... Enfin! au moins, j'en suis consciente !
Ce qui ressort de mon introspection du jour, c'est la place d'un nouvel enseignant dans une école. Depuis le début de l'année, je prêche pour l'avancement, la nouveauté, l'expérimentation; le changement quoi ! Mais, je sais, et je le constate quotidiennement, je dérange tacitement. Pour certains, leurs habitudes sont tellement ancrées et bétonnées que je me sens à des kilomètres de leurs pratiques. Pire, je les dérange...Pour d’autres, je représente la relève ou la nouveauté et je sais qu’ils vivent bien avec ma venue. Heureusement !
Dans ce brouhaha de la réforme, alors que je cherche à influencer positivement mon milieu, on me fait souvent sentir mon inexpérience, pire on cherche très souvent à me décourager lorsque je souhaite expérimenter quelques trucs hors normes en classe. Comment trouver son bonheur professionnel dans ça ? Oui, j’ai quelques collègues qui sont plus philosophes et plus solides (dont ma direction… élément drôlement essentiel!) qui accueillent ma différence et se réjouissent de ma venue, mais comment arriver à construire ensemble sans cohérence dans le milieu ? Au fond, c’est la cohérence qui est essentielle auprès des jeunes. Non ?
En cette période de transformations intenses, je sais que ma direction attend beaucoup des jeunes enseignants. Je sais que nous avons un rôle de multiplicateurs à jouer dans le milieu. Mais, je trouve difficile d’incarner cette nouveauté. Étant fraîchement sortie de l’usine des supposés profs réformés, on pense que je suis seulement constituée d’un bagage de belles théories qui, comme on se plait à me le dire, sera vite relayé aux oubliettes avec quelques années passées sur le VRAI terrain.
Au début de l'année, j'essayais de prendre part aux discussions de mes collègues sur la réforme et je tentais de les convaincre du bien-fondé de tous ces changements. (Ai-je besoin de spécifier que la tâche était ardue ? ) Je trouvais cela difficile. Je constatais, chaque fois, à quel point, ils étaient bien positionnés dans leurs fondements et à quel point la nouveauté leur fait peur. Ah! La résistance aux changements et aux jeunes profs...! J’ai dû changer de stratégies…
Maintenant, j’applique la stratégie du silence. Je me dis qu’on me jugera non pas sur des paroles, mais sur des faits et que, nécessairement, ces actions entraîneront une onde de chocs dans le milieu. Cependant, je sais à quel point l’être humain est perméable à son milieu. J’ai peur de me laisser corrompre par certains…
À suivre…
09 novembre, 2005
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2 commentaires:
Il est vrai que beaucoup d'enseignants ont des principes bien ancrés! Je dois t'avouer que moi, enseignant depuis 4 ans, je n'ai pas eu à passer les mêmes épreuves que toi car nous avons un personnel relativement jeune et prêt à essayer n'importe quoi. De plus la direction fait une sacré différence car moi aussi mon directeur est prêt à tout pour améliorer les apprentissages des élèves. Je suis vraiment heureux d'enseigner ici!
Je t'invite à visiter mon carnet.
http://kenny.over-blog.com
Je te lis depuis quelque temps et tu sembles vraiment sur la bonne voie. Depuis 17 ans que j'enseigne et je suis en continuel questionnement pour améliorer mon enseignement. Ne lâche pas et laisse passer ces remarques. Après 17 ans, il y a encore des gens qui ont peur des nouveautés et du changement et parfois même chez nos recrues... Ces gens ont des carrières qui sont longues alors que moi, j'ai encore la passion. Tu peux me lire à cette adresse: http://cahm.elg.ca/portfolios/BrigitteLong(1a)/
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