29 septembre, 2005

La magie approche!

Vous voulez savoir ce que je ferai le 1 er octobre à 00h01 ? Je vais jubiler de bonheur devant la librairie Pantoute à Québec ,parce qu'enfin le 6e tome des aventures de mon petit sorcier sort officiellement. Cette librairie organise activités et animations spécialement prévues pour cette sortie littéraire.
Cette fois-ci, c'est l'édition française qui est à l'honneur. Notons, d'ailleurs, que tous les romans seront imprimés sur du papier recyclé.
Cet été, lors de la grande sortie du livre en anglais, j'ai dû me résigner à attendre quelques mois puisque tout ce jargon magique anglais me donnait des boutons verts!
Encore quelques heures d'attente...!
Au plaisir de vous croiser au quai Pantoute 9 et 3/4...

24 septembre, 2005

Simple opinion d’une enseignante qui commence…

Cette semaine, j’ai regardé le reportage du Point sur la réforme de l’éducation. Comme d’autres, j’ai été choquée du traitement de ce sujet pour différentes raisons.

D’abord, je déplore qu’on accorde autant d’attention et d’importance à des individus/parents qui ne sont pas formés en enseignement et qui jugent allègrement du sujet parce qu’ils ont déjà été un élève dans leur vie. Je regrette, mais on ne devient pas un enseignant ou un professeur parce qu’on a déjà croûté dix ans sur un banc d’école! Sinon, à quoi sert la formation des maîtres ? Bon! Je connais l’histoire du choix démocratique des parents à pouvoir choisir bla-bla… Mais, pour choisir judicieusement, encore faut-il exposer le problème de façon objective dans les médias.

Deuxièmement, je ne comprends pas cette psychose sociale entourant la supposée évacuation des contenus. Qui a dit qu’il fallait éliminer l’enseignement des contenus ? Au contraire, on vise plus que la simple transmission des contenus. Ce n’est plus suffisant! La réforme propose d’enseigner les contenus ET de développer des compétences. C’est l’enseignement des savoirs au service du développement des compétences. La réforme de l’éducation propose d’aller plus loin avec les élèves en leur montrant à se servir de ces savoirs dans des contextes réels. On veut montrer aux élèves qu’apprendre tous les contenus sert vraiment à quelque chose. On ne se contente plus de : « Écoute, tu en auras besoin un jour! » ou « Un jour, tu vas voir, fais-moi confiance, tu en auras besoin pour mieux vivre. » L’enfant veut bien vivre maintenant aussi.

La méthode traditionnelle encourage le gavage de contenus présélectionnés et remâchés par un enseignant ou un manuel. Elle n’enseigne pas toujours l’utilité réelle de ces savoirs ou le réinvestissement de ces connaissances. Or, la réforme de l’éducation invite les enseignants à mettre sur pied des contextes d’apprentissage où l’élève va clairement percevoir l’utilité de ces connaissances. On augmente ainsi les chances que l’élève s’implique et apprenne. En didactique du français, on parle d'augmenter la participation de l’élève en diminuant la distance entre l’objet d’étude et l’apprenant.

Il semble que d’encourager la simple transmission des connaissances (si elle existe vraiment…) rend l’élève dépendant d’adultes connaisseurs. C’est comme dire à un enfant « Dans la vie, si tu veux apprendre, tu as besoin d’un adulte savant. » ou « Sans un adulte ou un autre individu, c’est dommage, mais tu ne pourras apprendre. » La réforme veut sortir les élèves de cette dépendance et encourager la curiosité intellectuelle, le questionnement et le désir d’apprendre par eux-mêmes.

De plus, pour avoir expérimenté ces pédagogies nouvelles, je peux affirmer qu’elles demandent de l’organisation. Alors, ceux qui prétendent que les pédagogies par projet et par la découverte entraînent désorganisations et improvisations, et bien, vraiment, vous n’y êtes pas! Oui, ces pédagogies sont plus insécurisantes pour l’enseignant. Oui, elles occasionnent des classes bruyantes. Oui, elles peuvent donner l’impression d’une perte de contrôle. Oui, elles augmentent la place qu’occupe l’élève dans la classe. Cependant, on peut vraiment percevoir si les élèves libèrent de la charge cognitive et s’ils sont en activité intellectuelle. Pouvons-nous le dire, lorsqu’on fait de la supposée transmission de connaissances ? Les élèves semblent nous suivre, mais peut-être pensent-ils à leurs parents, chiens, copains, autres ? Comment le savoir ? Dans ces contextes traditionnels, les élèves ne parlent pas et ne bougent pas, c’est vrai! La classe semble ordonnée, le professeur semble être en contrôle, mais les élèves intègrent-ils vraiment ? On ne sait pas ! C’est vraiment ça que veulent les parents ?

Je suis loin d’être une groupie de la réforme. Je n’en fais pas une religion. Comme plusieurs, je recherche l’équilibre en classe. Toutefois, je crois à l’évolution de ma science. Il est de mon devoir, comme professionnelle de l’enseignement, de réfléchir à ces pédagogies et, du moins, de les essayer. Arrêtons de penser que des didacticiens fabulent et « bozent » seuls dans leur tour d’ivoire. Ce sont des spécialistes, des théoriciens, certes, mais des gens qui croient que la science de l’éducation évolue. Ils cherchent, ainsi, à faire évoluer notre société.

22 septembre, 2005

Et c’est un départ!

Enfin! Je l’attendais! Ce fameux sentiment de satisfaction personnelle qui me faussait compagnie depuis le début de l’année scolaire. Ce vide me rendait vraiment l’air aigri et le teint vert! Heureusement, je crois sincèrement que le vent tourne! (Et, je ne parle pas de Rita!)

J’étais en classe. Vous savez pendant ces moments où on se sent en symbiose avec nos élèves ? Lorsque vous sentez qu’ils grandissent intellectuellement parce que votre activité pédagogique a du sens, fait sens pour les élèves ? Et bien, moi, dans ces temps-là, je file le parfait bonheur! Ça me donne des ailes!

Aujourd’hui, je pense avoir trouvé ma zone de confort dans mon nouvel environnement de travail. J’ai plongé, ce matin, au cœur d’une première mission avec mes élèves et, franchement, je suis emballée. La situation d’apprentissage porte sur la sédentarisation des êtres humains au Néolithique (univers social, 1er cycle). Nous travaillons actuellement la découverte des compétences en histoire et nous visons le développement de communautés d’apprentissage. Et là, ça m’intéresse drôlement!

J’ai l’impression de participer à la construction de quelque chose de vraiment intéressant. J’ai l’impression d’avoir enfin renversé la vapeur en classe ; Les élèves sont vraiment en travail et en responsabilité d’apprentissage. Moi, je supporte, je guide, j’élève! Vraiment, je n’ai pas de misère à vivre avec ce nouveau rôle de l’enseignant qui accompagne et qui guide. Je sens que les élèves sont tellement plus éveillés intellectuellement. Oui! « C’est long !» me diront certains. Oui ça prend du temps pour placer toutes ces stratégies et ces contextes d’apprentissage, mais ça en vaut tellement la peine.

18 septembre, 2005

En souvenir...

Hier après-midi, je me suis rendue à mon école (le Collège Jésus-Marie de SIllery) pour vivre un moment magique et intense en émotions. Les retrouvailles de ma cohorte du secondaire.

Dans le cadre du 150e anniversaire de l'arrivée des soeurs de Jésus-Marie à Québec, le collège a organisé une retrouvailles de tous les anciens ou anciennes élèves ayant étudié au collège. (Oui, il y a déjà eu des hommes...)

Comme j’ai cette chance de pouvoir enseigner dans ce collège, il était bien spécial de retrouver mes anciennes amies dans mon local actuel de français! (Bien heureux hasard!) Je discutais avec ces filles qui, autrefois, partageaient tous mes secrets et je songeais à mes élèves en me disant qu’elles allaient, un jour, vivre ce genre de retrouvailles. En discutant avec mes anciens professeurs de français (qui sont, aujourd’hui, pour certaines, mes collègues de travail!) je réalisais qu’un jour, j’allais être cette vieille enseignante qui allait prendre des nouvelles de ses anciennes élèves devenues, à ce moment, de jeunes femmes.

Entre deux rencontres, je me suis surprise à réfléchir très profondément à ce qu’il était important d’enseigner. Qu’est-ce qui est essentiel finalement ? Qu'est-ce qui est essentiel d’accomplir en enseignement ? Si, ce matin, je n’arrive pas à définir précisément les réponses à ces questions existentielles, je sais qu'il faut cultiver cette réflexion en moi. Je suis vraiment fière d’exercer cette profession parce que j'ai ce contact privilégié avec la jeunesse. J’étais bien fière, hier, de dire à mes anciennes amies, aujourd’hui médecins, avocates, architectes, etc. que je suis une enseignante. Hugo écrivait dans Faits et croyances que « les maîtres d'école sont des jardiniers en intelligences humaines ». J'aime bien cette image dont je partage le sens.

Merci aux religieuses de Jésus-Marie. Merci aux enseignants et enseignantes de ce collège qui peuplent mes souvenirs. Quand je suis en classe, je vous revois tous et toutes et j’entends vos voix qui, pour la plupart, m’inspirent encore.

17 septembre, 2005

À découvrir!

Je propose cette lecture qui relate l'histoire d'un professeur américain qui a remporté une mention "teacher of the year". Cet enseignant a effectué un discours sur ce qu'il pensait du système d'éducation d'aujourd'hui.

Vraiment très intéressant ! Ça incite à la réflexion !

http://www.johntaylorgatto.com/bookstore/dumbdnblum1.htm

15 septembre, 2005

contrôlabilité de la tâche

Verbatim d'une rencontre avec une élève:

ENSEIGNANTE: "Je veux que tu cesses de placoter quand je parle".

ÉLÈVE: "Madame, je parle dans vos cours parce que je pose des questions à mes amies sur la matière. Je ne veux pas déranger, je vous le jure. Je veux simplement comprendre vos explications".

ENSEIGNANTE: "Pourquoi, ne pas me poser tes questions directement en classe pour en faire profiter le groupe ?"

ÉLÈVE: "parce que je suis gênée. Je suis la seule à ne pas comprendre et j'ai peur des réactions des autres. Les autres sont bonnes. Moi, je ne suis pas bonne en français et je doute de mes réponses".

ENSEIGNANTE : " ? !!??!!*????!!!"

ELÈVE: " snif snif snif"

INTÉRIORITÉ DE L'ENSEIGNANTE : " Cette élève a des difficultés relatives à la contrôlabilité de la tâche. Pourquoi pense-t-elle être seule dans sa situation ? Combien d'autres élèves ont une fausse représentation de la classe ? Combien de jeunes filles ont peur d'apprendre dans ma classe ? Combien d'autres croient encore qu'apprendre n'implique pas l'erreur ? Cette élève est malheureuse. Elle est malheureuse dans MA classe !!! Elle se sent seule ? Je suis à des kilomètres d'une communauté d'apprentissage. Vite, il faut réfléchir à des stratégies pour que le groupe change. Par où commencer ?"

J'évolue actuellement avec un groupe dont les conceptions sur l'apprentissage doivent être (à mon sens!) travaillées. Comment tendre graduellement vers une communauté d'apprentissage qui respecte le rythme de chacun et qui transforme leurs fausses conceptions de l'apprentissage ? Comment se battre contre ce monstre systémique qui corrompt nos enfants ? Comment faire pour que l'élève ne se sente pas juger en classe ? Comment faire émerger en eux le plaisir d'être eux-mêmes ?

Je pense qu'apprendre en groupe demande de l'humilité. Ça exige un climat de classe fondé sur la valeur reine : Le respect. C'est peut-être par là que ça doit commencer ? Je constate à quel point le culte de la note et des évaluations nuit aux élèves. Il me semble tellement plus urgent d'enseigner les aptitudes et les compétences sociales que d'expliquer la logique du subjonctif ou les facteurs météorologiques en géographie. Malheureusement, moi aussi, parfois, je me sens seule à penser comme ça !

11 septembre, 2005

Élucubrations scolaires!

Dans mes grandes élucubrations scolaires, je me surprends à espérer la mise au rancart des évaluations scolaires. Finito! les examens, terminato! les évaluations de connaissances (qui finalement évaluent du « ici et maintenant»). On cesse de faire du « teach for the test » et on enseigne seulement le plaisir de l’apprentissage. Aaah!

Présentement, avec mes classes, j'ai l'impression de combattre un monstre bien installé depuis des lunes qui prend racine à la maison et, finalement, est très systémique : L’évaluation. Depuis la rentrée, je fais beaucoup écrire les élèves, visant ainsi à les connaître et à mieux percevoir les besoins. Unanimement (ou presque), elles me révèlent être stressées aux examens, détester les récitations surprises, éprouver, pour certaines, des maux de ventre. Elles me demandent clairement les dates des évaluations. Mais rien! Pas un mot sur le plaisir d’apprendre, sur le désir d’approfondir une notion. Rien!

En classe, lorsque j'explique le détail d’une activité, la première question qu'on me pose est toujours en relation avec une possible évaluation. On me demande, de façon bien agitée: madame, est-ce que ça compte ? Bien que je m’acharne à répéter que tout compte et que, prioritairement, elles doivent d’abord réfléchir à ce qu’elles vont apprendre, je sens qu’elles n’y croient pas. Elles craignent l’évaluation sommative qui sanctionne, qui étiquette, qui classe et qui évacue, du coup, le simple plaisir d’apprendre. Je sais, pour l’avoir vécu, qu’elles développent une compétitivité malsaine qui cloisonne les individus et qui nuit au développement d’une communauté d’apprentissage.

Il me semble qu’on pourrait inciter les élèves à développer un rapport différent à l’école. Sans rejeter complètement les évaluations, nous pourrions aider les élèves à développer des buts d'apprentissage et à percevoir l'école comme étant d’abord, un lieu d’apprentissage. Je pense que la responsabilisation de sa formation passe d’abord par le développement de buts d’apprentissage à l’école. Les enseignants doivent aussi faire développer cette compétence.

Je sens toute la machine scolaire bien orientée sur l’évaluation des apprentissages, alors que le ministère planche présentement sur le dossier de l'évaluation par compétences. Dans les écoles, les enjeux sont souvent les bulletins, le suivi aux parents, les dates des évaluations. On gèle des périodes. On déplace des cours pour les évaluations, mais si on veut le faire pour une superbe activité d’apprentissage, on doit doublement justifier notre demande.

Je sais très bien qu’il faudra toujours évaluer. Cependant, pouvons-nous le faire différemment ?

05 septembre, 2005

FETE DU TRAVAIL !

La semaine dernière, alors que j'expliquais le fonctionnement d'un guide scolaire aux élèves, j'ai confirmé le congé de la fête du travail avec elles. (je n'ai que des filles... oui ça placote!)

Une élève me demande, " Madame, pourquoi on fête le travail si, pendant la journée, on a congé ?" C'est pas si bête un enfant! Je me suis emballée dans une justification qui justifiait l'injustifiable pour justifer un choix d'adultes!

Finalement, je réalise que cette fête a une origine historique intéressante. Pour ceux et celles qui sont curieux!


http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0004422

* Tapez fête du travail dans l'encyclopédie de ce lien et vous trouverez une petite synthèse.

04 septembre, 2005

La prière de l'Indien

Je me souviens, lorsque j'étais très jeune, mon père avait l'habitude de nous rappeler la prière de l'Indien. Chose curieuse même, ce texte était affiché au sous-sol et, quelquefois, je le relisais avec ce même air d'étonnement que la toute première fois où je l'ai découvert. Régulièrement, je me suis rappelé ce texte, mais, comme pour bien d'autres choses, le temps a estompé sa trace en moi.

Si j'ai été plus silencieuse cette semaine, c'est que je me suis remémoré cette prière et j'ai décidé de l'appliquer. Heureux hasard, cette prière s'apparente aux conseils qui m'ont été suggérés par l'auteur du commentaire de mon dernier article. Je le remercie, d'ailleurs, d'avoir été si juste dans ses propos, puisqu'ils m'ont été d'un précieux soutien. Ah ! la communauté... (comme la prière de l'Indien), ça fonctionne !

Mais, qu'est-ce donc que cette prière ?

"Grand manitou, faites que je ne juge pas mon voisin tant que je n'aurai pas marché un mile dans ses mocassins."

Cette semaine donc, j'ai cherché à comprendre mon entourage plutôt que de l'étiqueter. Et, j'ai compris, un peu plus, les motivations de mes collègues. Si j'étais parfois décontenancée, c'est que je ne cherchais pas à comprendre leurs motivations. Je portais mon attention sur l'écart qui existe entre eux et moi, sans chercher véritablement à le réduire. C'est une forme d'intolérance... Je plaide coupable votre honneur!

Après avoir essayé de marcher dans leurs mocassins au moins une semaine, j'ai compris que la réforme en éducation dérange, parce qu'elle exige un changement de paradigme. Cette réforme incarne la nouveauté et fait peur! Ces enseignants vivent un conflit cognitif et sont donc déstabilisés. lls s'accrochent ainsi au connu. J'ai compris que la réflexion sur sa pratique demande du courage et exige de ne pas se complaire dans une zone de confort ; et, ça aussi, ça déstabilise.

Si je perçois encore mal la place que je peux occuper dans cette école, je comprends mieux mon entourage et, donc, je sais mieux comment l'apprivoiser. Je suis maintenant certaine que je saurai y faire ma place et que, peut-être un jour, par mes actions, je pourrai contribuer positivement à l'appropriation de cette réforme en cours.