15 septembre, 2005

contrôlabilité de la tâche

Verbatim d'une rencontre avec une élève:

ENSEIGNANTE: "Je veux que tu cesses de placoter quand je parle".

ÉLÈVE: "Madame, je parle dans vos cours parce que je pose des questions à mes amies sur la matière. Je ne veux pas déranger, je vous le jure. Je veux simplement comprendre vos explications".

ENSEIGNANTE: "Pourquoi, ne pas me poser tes questions directement en classe pour en faire profiter le groupe ?"

ÉLÈVE: "parce que je suis gênée. Je suis la seule à ne pas comprendre et j'ai peur des réactions des autres. Les autres sont bonnes. Moi, je ne suis pas bonne en français et je doute de mes réponses".

ENSEIGNANTE : " ? !!??!!*????!!!"

ELÈVE: " snif snif snif"

INTÉRIORITÉ DE L'ENSEIGNANTE : " Cette élève a des difficultés relatives à la contrôlabilité de la tâche. Pourquoi pense-t-elle être seule dans sa situation ? Combien d'autres élèves ont une fausse représentation de la classe ? Combien de jeunes filles ont peur d'apprendre dans ma classe ? Combien d'autres croient encore qu'apprendre n'implique pas l'erreur ? Cette élève est malheureuse. Elle est malheureuse dans MA classe !!! Elle se sent seule ? Je suis à des kilomètres d'une communauté d'apprentissage. Vite, il faut réfléchir à des stratégies pour que le groupe change. Par où commencer ?"

J'évolue actuellement avec un groupe dont les conceptions sur l'apprentissage doivent être (à mon sens!) travaillées. Comment tendre graduellement vers une communauté d'apprentissage qui respecte le rythme de chacun et qui transforme leurs fausses conceptions de l'apprentissage ? Comment se battre contre ce monstre systémique qui corrompt nos enfants ? Comment faire pour que l'élève ne se sente pas juger en classe ? Comment faire émerger en eux le plaisir d'être eux-mêmes ?

Je pense qu'apprendre en groupe demande de l'humilité. Ça exige un climat de classe fondé sur la valeur reine : Le respect. C'est peut-être par là que ça doit commencer ? Je constate à quel point le culte de la note et des évaluations nuit aux élèves. Il me semble tellement plus urgent d'enseigner les aptitudes et les compétences sociales que d'expliquer la logique du subjonctif ou les facteurs météorologiques en géographie. Malheureusement, moi aussi, parfois, je me sens seule à penser comme ça !

Aucun commentaire: