Cette semaine, j’ai regardé le reportage du Point sur la réforme de l’éducation. Comme d’autres, j’ai été choquée du traitement de ce sujet pour différentes raisons.
D’abord, je déplore qu’on accorde autant d’attention et d’importance à des individus/parents qui ne sont pas formés en enseignement et qui jugent allègrement du sujet parce qu’ils ont déjà été un élève dans leur vie. Je regrette, mais on ne devient pas un enseignant ou un professeur parce qu’on a déjà croûté dix ans sur un banc d’école! Sinon, à quoi sert la formation des maîtres ? Bon! Je connais l’histoire du choix démocratique des parents à pouvoir choisir bla-bla… Mais, pour choisir judicieusement, encore faut-il exposer le problème de façon objective dans les médias.
Deuxièmement, je ne comprends pas cette psychose sociale entourant la supposée évacuation des contenus. Qui a dit qu’il fallait éliminer l’enseignement des contenus ? Au contraire, on vise plus que la simple transmission des contenus. Ce n’est plus suffisant! La réforme propose d’enseigner les contenus ET de développer des compétences. C’est l’enseignement des savoirs au service du développement des compétences. La réforme de l’éducation propose d’aller plus loin avec les élèves en leur montrant à se servir de ces savoirs dans des contextes réels. On veut montrer aux élèves qu’apprendre tous les contenus sert vraiment à quelque chose. On ne se contente plus de : « Écoute, tu en auras besoin un jour! » ou « Un jour, tu vas voir, fais-moi confiance, tu en auras besoin pour mieux vivre. » L’enfant veut bien vivre maintenant aussi.
La méthode traditionnelle encourage le gavage de contenus présélectionnés et remâchés par un enseignant ou un manuel. Elle n’enseigne pas toujours l’utilité réelle de ces savoirs ou le réinvestissement de ces connaissances. Or, la réforme de l’éducation invite les enseignants à mettre sur pied des contextes d’apprentissage où l’élève va clairement percevoir l’utilité de ces connaissances. On augmente ainsi les chances que l’élève s’implique et apprenne. En didactique du français, on parle d'augmenter la participation de l’élève en diminuant la distance entre l’objet d’étude et l’apprenant.
Il semble que d’encourager la simple transmission des connaissances (si elle existe vraiment…) rend l’élève dépendant d’adultes connaisseurs. C’est comme dire à un enfant « Dans la vie, si tu veux apprendre, tu as besoin d’un adulte savant. » ou « Sans un adulte ou un autre individu, c’est dommage, mais tu ne pourras apprendre. » La réforme veut sortir les élèves de cette dépendance et encourager la curiosité intellectuelle, le questionnement et le désir d’apprendre par eux-mêmes.
De plus, pour avoir expérimenté ces pédagogies nouvelles, je peux affirmer qu’elles demandent de l’organisation. Alors, ceux qui prétendent que les pédagogies par projet et par la découverte entraînent désorganisations et improvisations, et bien, vraiment, vous n’y êtes pas! Oui, ces pédagogies sont plus insécurisantes pour l’enseignant. Oui, elles occasionnent des classes bruyantes. Oui, elles peuvent donner l’impression d’une perte de contrôle. Oui, elles augmentent la place qu’occupe l’élève dans la classe. Cependant, on peut vraiment percevoir si les élèves libèrent de la charge cognitive et s’ils sont en activité intellectuelle. Pouvons-nous le dire, lorsqu’on fait de la supposée transmission de connaissances ? Les élèves semblent nous suivre, mais peut-être pensent-ils à leurs parents, chiens, copains, autres ? Comment le savoir ? Dans ces contextes traditionnels, les élèves ne parlent pas et ne bougent pas, c’est vrai! La classe semble ordonnée, le professeur semble être en contrôle, mais les élèves intègrent-ils vraiment ? On ne sait pas ! C’est vraiment ça que veulent les parents ?
Je suis loin d’être une groupie de la réforme. Je n’en fais pas une religion. Comme plusieurs, je recherche l’équilibre en classe. Toutefois, je crois à l’évolution de ma science. Il est de mon devoir, comme professionnelle de l’enseignement, de réfléchir à ces pédagogies et, du moins, de les essayer. Arrêtons de penser que des didacticiens fabulent et « bozent » seuls dans leur tour d’ivoire. Ce sont des spécialistes, des théoriciens, certes, mais des gens qui croient que la science de l’éducation évolue. Ils cherchent, ainsi, à faire évoluer notre société.
24 septembre, 2005
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